Le Père Rasle est massacré par les Anglais, le 23 août 1724.

Le territoire des Abénakis, situé entre l'Acadie et les colonies anglaises, était convoité par les Anglais qui y établirent d'abord des comptoirs, puis des forts.  Naturellement, les Abénakis protestèrent; les Anglais répondirent que le roi de France leur avait cédé la contrée.  L'un des chefs répondit : "Le roi de France peut disposer de ce qui lui appartient; mais quant à moi, j'ai ma terre où le Grand-Esprit m'a placé, et aussi longtemps qu'un enfant de ma tribu vivra, je combattrai pour la défendre."  Sur le champ, les Abénakis envoyèrent des députés au marquis de Vaudreuil qui leur déclara que le traité conclu entre le roi de France et la reine d'Angleterre ne faisait aucune mention de leur pays; les députés se retirèrent satisfaits.

Peu de temps après, les Anglais enlevèrent le baron de Saint-Castin fils, que les Abénakis avait adopté comme chef, puis ils cherchèrent à s'emparer de leur missionnaire, le père Rasle, jésuite. 

Les Abénakis estimaient beaucoup le père Rasle qui les évangélisa pendant plus de 20 ans.  Pour frapper l'imagination des Sauvages, il avait lui-même couvert de fresques les murs  de son humble chapelle.  Les jours de fêtes, il décorait brillamment l'autel et faisait servir la messe par quatre enfants de chœur, tous Indiens.  Les Anglais, voulant absolument se rendre maîtres du territoire des Abénakis, cherchèrent à surprendre le père Rasle pendant l'hiver, il leur échappa.  Les assaillants saccagèrent la chapelle et le logis du missionnaire.  En guise de représailles, les Abénakis s'emparèrent d'un vaisseau anglais et brûlèrent le village de Brunswick.  Les Anglais ripostèrent et détruisirent le camp indien où se trouvait le père Rasle qui put s'esquiver.  Enfin, le 23 août 1724, une nombreuse troupe d'Anglais surprenait Narantsouak pendant la saison de la chasse.  Une quarantaine de guerriers engagèrent la lutte afin de favoriser la fuite des enfants, des femmes et des vieillards.  Le père Rasle se rendit sur le théâtre du combat; lorsqu'il parut, tous les fusils anglais se pointèrent sur lui et il tomba sous une grêle de balles.  Les Anglais ne respectèrent même pas la dépouille du missionnaire dont on retrouva le corps criblé de balles, la tête scalpée, le crâne fracassé et la bouche remplie de boue.

Élie de Salvail, fec, 366 Anniversaires Canadiens, 1929.