Exécution de Louis Riel à Régina, le 16 novembre 1885.

L'Établissement de la Rivière-Rouge, aujourd'hui le Manitoba, comptait en 1869 environ 12,000 habitants : 6,000 Métis français, 4,000 Métis anglais et écossais, ainsi que 2,000 Blancs et des Indiens.

Les tribus indiennes élisaient leurs propres chefs et réglaient elles-mêmes, par la guerre ou autrement, les différends qui surgissaient entre elles.

La Compagnie de la Baie d'Hudson nommait un gouverneur et un conseil pour administrer l'établissement de la Rivière-Rouge, mais elle n'avait pas de force armée.

Pour la "défense nationale", les Métis élisaient des chefs qui organisaient la défense : c'était leur droit et leur devoir.  De ce droit ils usèrent pour se protéger contre les agressions possibles des membres des Compagnies rivales de la Baie d'Hudson et du Nord-Ouest; pour se défendre contre les Indiens; pour repousser l'invasion fénienne et pour chasser les arpenteurs canadiens qui opéraient sur les terres des Métis, avant la prise de possession officielle de la contrée par le gouvernement canadien.

Louis Riel, Métis canadien-français, né à Saint-Boniface en 1844, fit ses études au Collège de Montréal.  Choisi par ses compatriotes comme secrétaire du Conseil National dont John Bruce était le président, il fut l'âme dirigeante de la résistance.

Un parti d'Anglais chercha à s'emparer du fort Garry.  Riel fit emprisonner quelques-uns de ces derniers parmi lesquels se trouvait Thomas Scott, d'une arrogance rageuse; passé en cour martiale, Scott fut fusillé.  Les Orangistes d'Ontario crièrent au meurtre et résolurent de le venger. Mgr Tâché se rendit à la Rivière-Rouge et promit au nom du gouvernement canadien amnistie complète, pleine et entière, à tous ceux qui avaient pris part à la défense du pays.  Riel et les siens se soumirent.

Aux élections de 1872 Riel se retira en faveur de Cartier, battu à Montréal.  En 1874, élu député de Provencher, Riel prêta le serment d'office, mais le gouvernement ayant réussi à l'éloigner de la Chambre, il passa aux Etats-Unis.  L'Ontario venait d'offrir $5,000 à celui qui s'emparerait de Riel.

On avait accordé à chacun des Métis établis au Manitoba 240 acres de terre en compensation des dommages subis lors des arpentages nouveaux.  Les autres Métis, ayant été oubliés dans ce partage, réclamèrent leur dû.  On promit de leur donner satisfaction.  Après 15 ans d'attente, ils se soulevèrent.  Riel, mandé par ses compatriotes, se rendit dans les Prairies et organisa en 1885 un gouvernement provisoire qui fit valoir à Ottawa le droit des Métis.  Le gouvernement ne voulut rien entendre et leva des volontaires.

Après quelques engagements, Riel battu, se livra au général Middleton qui le remit à la justice civile.  Accusé de haute trahison, Louis Riel fut déclaré coupable et monta sur l'échafaud le 16 novembre 1885.

Élie de Salvail, fec, 366 Anniversaires Canadiens, 1929.