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Biographie de Charles Bertrand de l'isle-Verte
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Biographie de Charles Bertrand de l'isle-Verte
BERTRAND, CHARLES (baptisé Charles-Frédéric, il est souvent désigné sous les prénoms de Charles-Frédéric-Adolphe, mais il signait Charles), seigneur, homme d’affaires et homme politique, né le 11 janvier 1824 à L’Isle-Verte, Bas-Canada, fils aîné de Louis Bertrand et d’Apolline Saindon ; décédé le 2 avril 1896 au même endroit.
Le père de Charles Bertrand s’établit en 1811 à L’Isle-Verte où il devient marchand. En 1818 et 1819, il obtient successivement l’affermage des droits sur le moulin banal et sur la seigneurie de l’Île-Verte dont il acquerra les titres de propriété en 1849. Il construit un premier moulin à scier dès 1819, puis un second après 1842 en société avec sir Henry John Caldwell et William Price*. À trois reprises, il est élu député de Rimouski. À sa mort en 1871, il a réuni un patrimoine qui fait de sa famille l’une des plus en vue du Bas-Saint-Laurent.
Après des études primaires à L’Isle-Verte, Charles fréquente le petit séminaire de Québec de 1834 à 1840, mais sans terminer le cycle des études. Le 2 juillet 1850, il épouse à Cacouna Arthémise Dionne, fille de Benjamin Dionne, marchand et ; plus tard député ; seuls 4 des 12 enfants du couple survivront. Cette année-là, en lui remettant les pleins pouvoirs sur la seigneurie de l’Île-Verte, y compris les moulins à farine et à carder, son père le place dans une position stratégique au sein de l’économie locale. Il lui concède également sa part du deuxième moulin à scier, mais avec prise de possession après le départ de Price et de Caldwell. Charles reçoit aussi une terre et des valeurs sous forme de créances, sans doute des cens et rentes impayés. Selon les recensements de 1851 et de 1861, il est marchand mais ne possède pas encore le magasin, qui lui échappera d’ailleurs jusqu’à la mort de son père ; il est surtout un bon agriculteur et pas encore un homme d’affaires important.
Par la suite, la situation change considérablement car, en 1871, Bertrand possède 3 250 arpents de terre et en exploite plus de 1 800 à des fins agricoles ; il est aussi propriétaire d’un moulin à farine, d’un à carder et d’un autre à fouler, d’une manufacture d’instruments aratoires et d’une fonderie ; ces entreprises, qui ont demandé un investissement de 16 760 $, produisent des biens d’une valeur totale de 57 250 $ et nécessitent l’embauche de 27 travailleurs. Il a de plus 4 goélettes, qui totalisent 55 tonneaux, et un hôtel, le Mansion House de Cacouna. À L’Isle-Verte, seul son frère Louis-Achille fait des affaires presque aussi importantes avec moulins à farine et à scier. En 1881, le patrimoine immobilier de Charles atteint les 10 800 arpents de terre, situés pour la plupart dans les nouveaux cantons à l’arrière de L’Isle-Verte.
C’est en 1865 que Bertrand s’est associé à Antoine Rousseau dans le but d’ériger une fonderie et de manufacturer voitures et instruments aratoires. La société Bertrand et Rousseau est dissoute le 4 septembre 1868 par suite de l’incendie des usines. Bertrand reconstruit seul les installations. Il devra les rebâtir encore en 1875 et en 1888 pour les mêmes raisons. En 1877, Bertrand réorganise ses affaires et s’associe à son fils Charles-Georges et à celui qu’il voit comme son dauphin, Jean-Baptiste Raymond. Il s’engage à une mise de fonds de 25 000 $ tandis que les deux autres doivent assumer chacun le quart des dépenses ; ils toucheront la même proportion des bénéfices. De 1883 à 1894, la Charles Bertrand et Compagnie connaît ses heures de gloire, au point d’être, selon Marius Barbeau*, la manufacture « la plus importante dans la province » après la Matthew and Henry Moody de Terrebonne. On y produit « moulins à battre, « piloteuses », « éballeurs », charrues ordinaires, charrues à rouelles, « arrache-patates » en fonte, herses, poêles, chaudrons, chariots et roues de toutes sortes – [Bertrand] expéd[ie] en moyenne 1 200 paires de roues par an ; machines pour les moulins à farine, à scie, à carder et à fouler ; même des turbines ». Ces marchandises s’entassent sur les quais des Bertrand avant d’être embarquées sur leurs goélettes à destination des comptoirs de vente ouverts aux quatre coins de la province. En somme, sous l’impulsion des Bertrand, L’Isle-Verte devient un village d’allure industrielle avec son monde de salariés.
Bertrand semble partout à la fois, mais le magasin lui sert de quartier général. C’est là que le « père Charles » reçoit en dépôt les économies que lui confient les petites gens, qu’il vend des terres acquises dans les cantons des hauts plateaux, qu’il fait crédit aux nouveaux colons où qu’il leur avance de l’argent contre hypothèque. De plus, propriétaire en 1873–1874 de concessions forestières dans le canton de Cabano, où il aurait construit la première scierie, il s’occupe de la fabrication et de la commercialisation du bois de fuseaux à Saint-Simon et à Sainte-Anne-des-Monts ; il fait également partie du conseil d’administration du chemin de fer Témiscouata peu de temps avant sa mise en service en 1888.
Pour Bertrand, affaires, commerce et politique se complètent. Il est maire de la municipalité de paroisse de L’Isle-Verte en 1859 et de 1881 à 1885. Il organise en 1860, un triomphe bruyant pour saluer l’élection du libéral Luc Letellier* de Saint-Just au Conseil législatif ; par contre, en 1867, il a rallié les rangs conservateurs : la cinquantaine d’employés de la Charles Bertrand et Compagnie manifestent en faveur de la Confédération, et lui-même est élu sans concurrent député de Témiscouata au Parlement fédéral. Candidat en 1872, un autre conservateur le défait avec une écrasante majorité de 1 108 voix. Son intérêt pour la politique ne s’éteint toutefois pas avec ce revers, puisqu’aux élections provinciales de 1875 il a maille à partir avec Georges-Honoré Deschênes qui, dans le but d’écarter sa candidature, affirme que Bertrand « s’[est] vendu pour 500 $ » à l’occasion des élections fédérales de 1872.
Le petit empire des Bertrand est à bout de souffle au milieu des années 1890. Le fils de Charles n’est pas intéressé à prendre la relève, et ce dernier est pris au dépourvu par la mort prématurée de Raymond en 1891, au moment où la concurrence d’entreprises telles que la McCormick Harvesting Machine Company des États-Unis et la Massey-Harris Company Limited d’Ontario [V. Hart Almerrin Massey] rend les ventes ardues. Les incendies successifs, les débâcles et les sécheresses de la rivière Verte, ainsi que les pertes subies à bord des goélettes, ne font qu’ajouter aux difficultés. Le 2 avril 1896, « écrasé sous les tracas financiers », Bertrand meurt. Ses biens sont saisis le 3 novembre suivant, malgré les efforts de la famille pour reprendre en main les affaires de la compagnie et empêcher la faillite provoquée par la firme Thibaudeau, Frères et Compagnie de Québec [V. Isidore Thibaudeau]. L’inventaire dressé en 1897 révèle que l’actif des entreprises de Bertrand atteint la somme considérable de 289 045 $ dont 74 % provient de créances, billets à ordre, obligations, hypothèques et actions. Le matériel et le stock de la manufacture ne représentent que 16 % de l’actif. En outre, Bertrand possédait 50 lots et emplacements tant à L’Isle-Verte que dans les environs. D’après l’un de ses gendres, l’avocat Wilbrod Pagnuelo, chargé d’affaires de la compagnie à Montréal, l’actif aurait atteint les 350 000 $ dans les bonnes années.
Avec les Pelletier et Pouliot à Fraserville, et Butchart à Rimouski, Charles Bertrand compte parmi les plus importants entrepreneurs du Bas-Saint-Laurent de son temps. Le cas de ce brasseur d’affaires interpelle l’historiographie des régions rurales du Québec au xixe siècle. Bertrand a su mettre à profit la conjoncture favorable et s’ajuster à certaines contraintes structurelles : colonisation active de l’arrière-pays et ouverture du Témiscouata, demande d’outillage que nécessite la modernisation de l’agriculture, exploitation de la ressource forestière et révolution du transport avec le chemin de fer. Sous son impulsion, L’Isle-Verte devient un village qui concurrence sur certains plans et pour un temps Fraserville. Cette image est loin d’être en accord avec les modèles d’une société rurale homogène, dominée par l’autosubsistance agricole, qu’imposent l’éloignement et l’absence de marchés. L’Isle-Verte est en fait l’un de ces lieux où apparaît une bourgeoisie villageoise et où se développent des formes d’industries rurales dont toute l’importance économique et sociale n’a pas encore été cernée.
Antonio Lechasseur
AN, RG 31, C1, 1851, comté de Rimouski, L’Isle-Verte ; 1861, comté de Témiscouata, canton de Viger et L’Isle-Verte ; 1871, 1881, 1891, comté de Témiscouata, L’Isle-Verte.— ANQ-Q, CE3-2, 18 janv. 1824 ; CE3-6, 2 juill. 1850 ; P1000-11-188 ; P1000-11-189 ; T11-3, no 136.— AP, Saint-Jean-Baptiste (L’Isle-Verte), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, avril 1896.— ASQ, Fichier des anciens.— BE, Kamouraska, reg. A, nos 293, 362.— Le Courrier de Fraserville (Fraserville [Rivière-du-Loup], Québec), 27 déc. 1888, 13 sept. 1889.— Le Jour (Fraserville), 4 mars 1887, 23 mars 1888.— Monetary Times, 10 avril 1896.— Montreal Daily Star, 2 avril 1896.— La Presse, 2 avril 1896.— Le Saint-Laurent (Fraserville), 3, 7, 10 avril 1896.— Canadian directory of parl. (Johnson).— J. Desjardins, Guide parl.— Marius Barbeau, Maîtres artisans de chez nous (Montréal, [1942]), 95–109.— Claude Blouin, « la Mécanisation de l’agriculture entre 1830 et 1890 », Agriculture et Colonisation au Québec ; aspects historiques, Normand Séguin, édit. (Montréal, 1980), 93–111.— C.-A. Gauvreau, Nos paroisses : L’Isle-Verte (St-Jean-Baptiste) (Lévis, Québec, 1889), 243–244.— M. Hamelin, Premières années du parlementarisme québécois, 297.— Robert Michaud, la Mousse de mer : de L’Isle-Verte à la Baie des Chaleurs (Montréal, 1985), 11–39, 134–137.— Robert Michaud et Gérard Filion, L’Isle-Verte vue du large ([Montréal], 1978), 198–264.— John Willis, « Fraserville and its Temiscouata hinterland, 1874–1914 : colonization and urbanization in a peripheral region of the province of Quebec » (mémoire de {{m.a}}., univ. du Québec, Trois-Rivières, 1981).— R.-P. Dubé, « Chronique de l’histoire de L’Isle-Verte », le Saint-Laurent (Rivière-du-Loup), 28 oct.–30 déc. 1920, 20 janv. 1921.
source : http://www.biographi.ca/fr/bio/bertrand_charles_12F.html
Le père de Charles Bertrand s’établit en 1811 à L’Isle-Verte où il devient marchand. En 1818 et 1819, il obtient successivement l’affermage des droits sur le moulin banal et sur la seigneurie de l’Île-Verte dont il acquerra les titres de propriété en 1849. Il construit un premier moulin à scier dès 1819, puis un second après 1842 en société avec sir Henry John Caldwell et William Price*. À trois reprises, il est élu député de Rimouski. À sa mort en 1871, il a réuni un patrimoine qui fait de sa famille l’une des plus en vue du Bas-Saint-Laurent.
Après des études primaires à L’Isle-Verte, Charles fréquente le petit séminaire de Québec de 1834 à 1840, mais sans terminer le cycle des études. Le 2 juillet 1850, il épouse à Cacouna Arthémise Dionne, fille de Benjamin Dionne, marchand et ; plus tard député ; seuls 4 des 12 enfants du couple survivront. Cette année-là, en lui remettant les pleins pouvoirs sur la seigneurie de l’Île-Verte, y compris les moulins à farine et à carder, son père le place dans une position stratégique au sein de l’économie locale. Il lui concède également sa part du deuxième moulin à scier, mais avec prise de possession après le départ de Price et de Caldwell. Charles reçoit aussi une terre et des valeurs sous forme de créances, sans doute des cens et rentes impayés. Selon les recensements de 1851 et de 1861, il est marchand mais ne possède pas encore le magasin, qui lui échappera d’ailleurs jusqu’à la mort de son père ; il est surtout un bon agriculteur et pas encore un homme d’affaires important.
Par la suite, la situation change considérablement car, en 1871, Bertrand possède 3 250 arpents de terre et en exploite plus de 1 800 à des fins agricoles ; il est aussi propriétaire d’un moulin à farine, d’un à carder et d’un autre à fouler, d’une manufacture d’instruments aratoires et d’une fonderie ; ces entreprises, qui ont demandé un investissement de 16 760 $, produisent des biens d’une valeur totale de 57 250 $ et nécessitent l’embauche de 27 travailleurs. Il a de plus 4 goélettes, qui totalisent 55 tonneaux, et un hôtel, le Mansion House de Cacouna. À L’Isle-Verte, seul son frère Louis-Achille fait des affaires presque aussi importantes avec moulins à farine et à scier. En 1881, le patrimoine immobilier de Charles atteint les 10 800 arpents de terre, situés pour la plupart dans les nouveaux cantons à l’arrière de L’Isle-Verte.
C’est en 1865 que Bertrand s’est associé à Antoine Rousseau dans le but d’ériger une fonderie et de manufacturer voitures et instruments aratoires. La société Bertrand et Rousseau est dissoute le 4 septembre 1868 par suite de l’incendie des usines. Bertrand reconstruit seul les installations. Il devra les rebâtir encore en 1875 et en 1888 pour les mêmes raisons. En 1877, Bertrand réorganise ses affaires et s’associe à son fils Charles-Georges et à celui qu’il voit comme son dauphin, Jean-Baptiste Raymond. Il s’engage à une mise de fonds de 25 000 $ tandis que les deux autres doivent assumer chacun le quart des dépenses ; ils toucheront la même proportion des bénéfices. De 1883 à 1894, la Charles Bertrand et Compagnie connaît ses heures de gloire, au point d’être, selon Marius Barbeau*, la manufacture « la plus importante dans la province » après la Matthew and Henry Moody de Terrebonne. On y produit « moulins à battre, « piloteuses », « éballeurs », charrues ordinaires, charrues à rouelles, « arrache-patates » en fonte, herses, poêles, chaudrons, chariots et roues de toutes sortes – [Bertrand] expéd[ie] en moyenne 1 200 paires de roues par an ; machines pour les moulins à farine, à scie, à carder et à fouler ; même des turbines ». Ces marchandises s’entassent sur les quais des Bertrand avant d’être embarquées sur leurs goélettes à destination des comptoirs de vente ouverts aux quatre coins de la province. En somme, sous l’impulsion des Bertrand, L’Isle-Verte devient un village d’allure industrielle avec son monde de salariés.
Bertrand semble partout à la fois, mais le magasin lui sert de quartier général. C’est là que le « père Charles » reçoit en dépôt les économies que lui confient les petites gens, qu’il vend des terres acquises dans les cantons des hauts plateaux, qu’il fait crédit aux nouveaux colons où qu’il leur avance de l’argent contre hypothèque. De plus, propriétaire en 1873–1874 de concessions forestières dans le canton de Cabano, où il aurait construit la première scierie, il s’occupe de la fabrication et de la commercialisation du bois de fuseaux à Saint-Simon et à Sainte-Anne-des-Monts ; il fait également partie du conseil d’administration du chemin de fer Témiscouata peu de temps avant sa mise en service en 1888.
Pour Bertrand, affaires, commerce et politique se complètent. Il est maire de la municipalité de paroisse de L’Isle-Verte en 1859 et de 1881 à 1885. Il organise en 1860, un triomphe bruyant pour saluer l’élection du libéral Luc Letellier* de Saint-Just au Conseil législatif ; par contre, en 1867, il a rallié les rangs conservateurs : la cinquantaine d’employés de la Charles Bertrand et Compagnie manifestent en faveur de la Confédération, et lui-même est élu sans concurrent député de Témiscouata au Parlement fédéral. Candidat en 1872, un autre conservateur le défait avec une écrasante majorité de 1 108 voix. Son intérêt pour la politique ne s’éteint toutefois pas avec ce revers, puisqu’aux élections provinciales de 1875 il a maille à partir avec Georges-Honoré Deschênes qui, dans le but d’écarter sa candidature, affirme que Bertrand « s’[est] vendu pour 500 $ » à l’occasion des élections fédérales de 1872.
Le petit empire des Bertrand est à bout de souffle au milieu des années 1890. Le fils de Charles n’est pas intéressé à prendre la relève, et ce dernier est pris au dépourvu par la mort prématurée de Raymond en 1891, au moment où la concurrence d’entreprises telles que la McCormick Harvesting Machine Company des États-Unis et la Massey-Harris Company Limited d’Ontario [V. Hart Almerrin Massey] rend les ventes ardues. Les incendies successifs, les débâcles et les sécheresses de la rivière Verte, ainsi que les pertes subies à bord des goélettes, ne font qu’ajouter aux difficultés. Le 2 avril 1896, « écrasé sous les tracas financiers », Bertrand meurt. Ses biens sont saisis le 3 novembre suivant, malgré les efforts de la famille pour reprendre en main les affaires de la compagnie et empêcher la faillite provoquée par la firme Thibaudeau, Frères et Compagnie de Québec [V. Isidore Thibaudeau]. L’inventaire dressé en 1897 révèle que l’actif des entreprises de Bertrand atteint la somme considérable de 289 045 $ dont 74 % provient de créances, billets à ordre, obligations, hypothèques et actions. Le matériel et le stock de la manufacture ne représentent que 16 % de l’actif. En outre, Bertrand possédait 50 lots et emplacements tant à L’Isle-Verte que dans les environs. D’après l’un de ses gendres, l’avocat Wilbrod Pagnuelo, chargé d’affaires de la compagnie à Montréal, l’actif aurait atteint les 350 000 $ dans les bonnes années.
Avec les Pelletier et Pouliot à Fraserville, et Butchart à Rimouski, Charles Bertrand compte parmi les plus importants entrepreneurs du Bas-Saint-Laurent de son temps. Le cas de ce brasseur d’affaires interpelle l’historiographie des régions rurales du Québec au xixe siècle. Bertrand a su mettre à profit la conjoncture favorable et s’ajuster à certaines contraintes structurelles : colonisation active de l’arrière-pays et ouverture du Témiscouata, demande d’outillage que nécessite la modernisation de l’agriculture, exploitation de la ressource forestière et révolution du transport avec le chemin de fer. Sous son impulsion, L’Isle-Verte devient un village qui concurrence sur certains plans et pour un temps Fraserville. Cette image est loin d’être en accord avec les modèles d’une société rurale homogène, dominée par l’autosubsistance agricole, qu’imposent l’éloignement et l’absence de marchés. L’Isle-Verte est en fait l’un de ces lieux où apparaît une bourgeoisie villageoise et où se développent des formes d’industries rurales dont toute l’importance économique et sociale n’a pas encore été cernée.
Antonio Lechasseur
AN, RG 31, C1, 1851, comté de Rimouski, L’Isle-Verte ; 1861, comté de Témiscouata, canton de Viger et L’Isle-Verte ; 1871, 1881, 1891, comté de Témiscouata, L’Isle-Verte.— ANQ-Q, CE3-2, 18 janv. 1824 ; CE3-6, 2 juill. 1850 ; P1000-11-188 ; P1000-11-189 ; T11-3, no 136.— AP, Saint-Jean-Baptiste (L’Isle-Verte), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, avril 1896.— ASQ, Fichier des anciens.— BE, Kamouraska, reg. A, nos 293, 362.— Le Courrier de Fraserville (Fraserville [Rivière-du-Loup], Québec), 27 déc. 1888, 13 sept. 1889.— Le Jour (Fraserville), 4 mars 1887, 23 mars 1888.— Monetary Times, 10 avril 1896.— Montreal Daily Star, 2 avril 1896.— La Presse, 2 avril 1896.— Le Saint-Laurent (Fraserville), 3, 7, 10 avril 1896.— Canadian directory of parl. (Johnson).— J. Desjardins, Guide parl.— Marius Barbeau, Maîtres artisans de chez nous (Montréal, [1942]), 95–109.— Claude Blouin, « la Mécanisation de l’agriculture entre 1830 et 1890 », Agriculture et Colonisation au Québec ; aspects historiques, Normand Séguin, édit. (Montréal, 1980), 93–111.— C.-A. Gauvreau, Nos paroisses : L’Isle-Verte (St-Jean-Baptiste) (Lévis, Québec, 1889), 243–244.— M. Hamelin, Premières années du parlementarisme québécois, 297.— Robert Michaud, la Mousse de mer : de L’Isle-Verte à la Baie des Chaleurs (Montréal, 1985), 11–39, 134–137.— Robert Michaud et Gérard Filion, L’Isle-Verte vue du large ([Montréal], 1978), 198–264.— John Willis, « Fraserville and its Temiscouata hinterland, 1874–1914 : colonization and urbanization in a peripheral region of the province of Quebec » (mémoire de {{m.a}}., univ. du Québec, Trois-Rivières, 1981).— R.-P. Dubé, « Chronique de l’histoire de L’Isle-Verte », le Saint-Laurent (Rivière-du-Loup), 28 oct.–30 déc. 1920, 20 janv. 1921.
source : http://www.biographi.ca/fr/bio/bertrand_charles_12F.html
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