Rolland D'Amours est le bon Rolland D'amours ?

Grâce à 24 épisodes récupérés des archives de Radio-Canada, voici enfin la chance de vous replonger dans l'univers du téléroman Rue des Pignons, qui durant onze ans a été le rendez-vous de toute une génération de téléspectateurs québécois. Du vrai bonbon.

Le coffret de quatre DVD Rue des Pignons, téléroman écrit par le couple Louis Morisset et Mia Riddez, est maintenant disponible en magasin. Diffusé de 1966 à 1977, Rue des Pignons marqué la télé au Québec et fait défiler toute une pléiade d'excellents comédiens.

Il fait bon retrouver ces derniers, enfouis au profond de notre mémoire, en plus des pittoresques lieux de tournage aux décors épurés: l'épicerie d'Anatole Marsouin (Rolland Bédard), la quincaillerie d'Émery Lafeuille (Jean Duceppe) et le cabinet du docteur Marchessault (Claude Préfontaine) notamment.

On redécouvre aussi avec un malin plaisir les intrigues qui étaient à l'époque le talk of the town, les dialogues simples et, surtout, les personnages du téléroman: Angela Jarry (Huguette Oligny) et son mari (Roland Chenail), leur fille Janine (Marie-Josée Longchamps) et le boxeur rebelle Maurice Milot (Réjean Lefrançois), son frère Hector (Robert Rivard), Irène (Hélène Loiselle) et Flagosse Berrichon (Roland D'Amour), propriétaire du Centre athlétique. Yvan Canuel, Reine France, Nicole Leblanc, Claude Michaud, François Tassé, Danielle Roy, Serge Turgeon, Louise Deschâtelets, Manon Bernard, Michel Rivard et plusieurs autres ont également fait partie de cette éclatante distribution.

En suppléments sur le DVD, on retrouve des commentaires audio de Marie-Josée Longchamps et Réjean Lefrançois, ainsi qu'une entrevue avec chacun d'eux, une galerie de photos et quelques scènes inédites.

«Les gens se retrouvaient là-dedans»

Réjean Lefrançois et Marie-Josée Longchamps, qui ont campé durant onze ans le boxeur Maurice Milot et la douce Janine Jarry, replongent dans leurs souvenirs le temps de quelques questions.

Aviez-vous gardé quelques copies d'épisodes de Rue des Pignons?

Réjean: Je ne savais même pas qu'il en existait 24 épisodes. Ç'a été une grosse surprise. Depuis le temps que je répondais aux gens que tout avait disparu!

Marie-Josée: J'avais réussi à obtenir une émission pour la célébration de mes 60 ans, l'épisode de l'hôpital. On avait visionné ça en famille. Mais je ne savais pas non plus qu'autant d'épisodes étaient conservés dans les archives de Radio-Canada.

À quoi attribuez-vous le succès de Rue des Pignons?

R:Rue des Pignons racontait une histoire de famille de quartier, des amours de coins de rue et on y retrouvait un peu l'ambiance des Plouffe. Les gens se retrouvaient là-dedans. Le scénario était simple, au premier degré et l'écriture bien faite.

Est-ce que les téléromans ont beaucoup changé?

R:C'était une très belle époque et des belles gangs. Et puis, on répétait durant trois jours avant de tourner. Il y avait une répétition générale avec tout le monde et on tournait d'un seul trait. On faisait deux run through avant l'enregistrement. Aujourd'hui, les téléromans sont enregistrés en rafale et pas nécessairement dans l'ordre. Les comédiens se croisent parfois au maquillage. Je ne connais même pas les autres comédiens de Virginie!

M-J: On vivait carrément ensemble longueur de semaine. Les loges étaient grandes comme des mouchoirs de poche. On se changeait dans la même pièce. Ça créait des liens. (Radio-Canada était l'époque située à l'ancien hôtel Ford au centre-ville). On était tous très jeunes, on avait tous quelque chose à prouver. On avait l'enthousiasme de la jeunesse et l'engouement pour la nouveauté.

Quel scénario vous a le plus marqués?

M-J: Janine a finalement marié Vincent Jalbert (Pierre Boucher). Elle était l'aînée de la famille Jarry et en partie le support de cette famille de 13 enfants. En épousant Vincent, elle changeait de classe sociale.

Moi qui ai toujours aimé les contes de fées, j'aurais souhaité que Janine et Maurice Milot se retrouvent un jour.

La situation était-elle différente pour les comédiens de l'époque?

R. Quand Louis Morisset nous a proposé ces rôles, on avait joué dans quelques téléromans, mais on était des débutants. Il nous a convoqués et nous a dit: «J'ai écrit 38 épisodes. Vous êtes des 38!» C'était des premiers rôles, des personnages de premier plan. On était loin des 24 épisodes d'aujourd'hui. En plus, à l'époque, il y avait moins de comédiens et plus de productions locales. Chaque soir, on présentait deux téléromans pour adultes à Radio-Canada et deux pour enfants. Il y avait des télé- théâtres, six romans-fleuves et du radio-théâtre.

Qu'êtes-vous devenus après les onze ans dans Rue des Pignons?

R:J'ai joué dans plusieurs téléromans, dont Les Berger, Le Clan Beaulieu et Marisol. J'ai dirigé durant quinze ans le Théâtre Ville Saint-Laurent et fait travailler plein de monde. Je joue aujourd'hui dans Virginie et je viens de terminer le tournage du long métrage Elle veut le chaos, de Denis Côté. Je ne me suis jamais marié, je n'ai pas eu d'enfants, ni de panier à ma porte et je ne suis pas gai comme mon personnage de Virginie.

M-J: J'ai été mariée deux fois. J'ai trois enfants et quatre petits-enfants. Je suis toujours la conjointe du naturiste Jean-Marc Brunet. Je l'ai toujours supporté dans ses affaires. J'ai récemment joué le rôle d'une vraie gribiche dans Bob Gratton pour un épisode qui n'a pas encore été diffusé.
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