Lepage, Lawrence (Le chansonnier Lawrence Lepage s'éteint)

Le chansonnier Lawrence Lepage s'éteint

Cet automne, comme s'il avait senti que c'était le moment ou jamais de refaire surface, Lawrence Lepage avait sorti l'album Le Temps.
Richard Boisvert
Le Soleil

(Québec) Un grand de la chanson, reconnu par le milieu musical, mais méconnu de la jeune génération, l'auteur-compositeur-interprète Lawrence Lepage s'est éteint dans la nuit de Noël chez lui à Rimouski. Il avait 81 ans.

Né en 1931 à Nazareth près de Rimouski, Lawrence Lepage a grandi au sein d'une famille de 14 enfants et, se plaisait-il à dire, au son des guitares.

Lui-même un excellent guitariste, Lepage a accompagné une foule d'artistes dont Gilles Vigneault, Guy Godin, Suzanne Valéry, Georges d'Or, Tex Lecor, Pierre Morency et Jean-Claude Germain. Il a également mis sa plume au service des Jacques Labrecque, Pauline Julien, Louise Forestier, Édith Butler, Angèle Arsenault et Alexandre Zelkine.

Pour Pierre Jobin, son agent pendant une vingtaine d'années, l'oeuvre de Lawrence Lepage s'inscrit dans ce que la chanson québécoise a de plus beau à offrir.

«C'est quelqu'un qui a la carrure d'un Vigneault ou d'un Leclerc, mais qui n'en a pas eu le parcours et qui reste à découvrir. Je pense qu'il y a de la matière à rendre heureux bien des gens. C'est vraiment un monument de la chanson même si les gens ne le savent pas.»

C'est le chanteur Jacques Labrecque qui, en quelque sorte, a découvert Lawrence Lepage à l'époque où celui-ci travaillait à la télévision de Rimouski et qui l'a invité à le suivre à Montréal. Lepage s'est surtout fait connaître dans le milieu underground. Certaines de ses chansons, sans obtenir un grand succès commercial, ont été rapidement adoptées par la génération hippie.

Pour le chanteur Paul Piché, Mon vieux François demeure une référence.

«Quand j'étais un gratteux de guitare, à mes tout débuts, avant de penser à être chanteur, je connaissais cette chanson-là et quelques autres de Lawrence, qui étaient magnifiques», raconte Piché dans le documentaire de Josué Bertolino Hommage à Lawrence Lepage, accessible en ligne (http://vimeo.com/52034438). Il m'a inspiré beaucoup. Ça a été une rencontre déterminante dans ma vie. J'ai continué à chanter une de ses chansons, La turlutte de mon pays, pendant quatre ou cinq ans après la sortie de mon premier disque.»

Cet automne, comme s'il avait senti que c'était le moment ou jamais de refaire surface, Lawrence Lepage était sorti d'un silence discographique de plus de 35 ans avec la parution de l'album Le Temps. «J'ai voulu faire un CD avant de décéder!» avait-il lancé à la blague, à la collègue Geneviève Bouchard. Il n'aurait pu dire plus juste.

Le disque avait été réalisé avec la complicité de l'ex-Bottine souriante Yves Lambert. Une tournée de spectacles, à Rimouski, à Lévis et à Montréal, avait été organisée à cette occasion.

«Ce qu'a fait Yves Lambert, c'est très beau, note Pierre Jobin, qui a assisté la représentation donnée à l'Anglicane de Lévis. C'était une soirée avec des jeunes musiciens de 30 à 40 ans. Lawrence chantait ses chansons, et quand il se trompait un peu, Yves enchaînait. C'était une sorte de rencontre d'amour. Les gens sont venus voir Lawrence pour lui dire qu'ils l'aimaient.»

Jobin est catégorique : Lawrence Lepage a sa place parmi les grands de la chanson.

«Vigneault était de la Côte-Nord, Lepage était de Rimouski. Ses chansons de personnages tiennent aussi bien la route. Gilles avait John le débardeur et Zidor le prospecteur. Lawrence, lui, avait Jos Nazaire, Monsieur Marcoux et tout ça. C'est une oeuvre exceptionnelle, très grande, qui n'est pas perdue et qui va ressortir.»

Geneviève Bouchard
Le Soleil

Québec) Paul Piché le cite parmi ses influences, Yves Lambert lui voue le plus grand respect, tout comme son ami Gilles Vigneault, d'ailleurs. Mais pour les plus jeunes générations, le nom de Lawrence Lepage est certainement beaucoup moins évocateur. Par la production d'un nouvel album et la mise sur pied de quelques spectacles, la maison de disques La prûche libre souhaite remédier à la situation.

À 81 ans, l'auteur-compositeur-interprète renoue avec le disque et la scène, lui qui s'est fait discret depuis plus de 35 ans : son dernier enregistrement remontait à 1976 et ses chansons, non rééditées, étaient maintenant introuvables. La parution cet automne de l'album Le temps permet d'entendre de nouveau la voix de ce poète.

«J'ai voulu faire un CD avant de décéder!» résume en riant M. Lepage. C'est son ami Serge Arsenault qui a fait le lien avec La prûche libre, maison de disques et de production gérée par Françoise Boudrias, conjointe du musicien Yves Lambert. Ce dernier a d'ailleurs pris part à l'enregistrement de l'album Le temps, où Lawrence Lepage revisite quelques titres déjà enregistrés et propose aussi des pièces inédites.

«On a discuté dans Lanaudière et on a choisi quelques chansons, raconte M. Lepage. Moi, je voulais faire juste des nouvelles chansons. Mais il m'a dit que ça commençait à faire un bout de temps depuis mon dernier long-jeu, en 1976, et que des gens voudraient avoir quelques chansons de cette époque.» Le musicien s'est laissé convaincre par l'idée de se laisser découvrir d'un public «qui était encore dans sa couchette» à sa dernière visite en studio.

Marié à sa guitare

Amateur de classique et amoureux de chanson - il cite au passage les noms de Catherine Major, de Marie-Élaine Thibert et de Fred Pellerin -, Lawrence Lepage n'a jamais vraiment délaissé la musique pendant les dernières décennies. «Je ne suis pas capable de m'en séparer, affirme-t-il. Je me serais marié avec ma guitare!» Il a aussi gardé un lien avec les planches. À Québec, le producteur Pierre Jobin organisait ses concerts. Lawrence Lepage a notamment pris part en 2004 au dernier spectacle présenté à la boîte à chansons Aux oiseaux de passage, à Limoilou. Il avait alors partagé la scène avec l'accordéoniste Steve Normandin.

Au bout du fil, Lawrence Lepage confie qu'il lui tarde de revenir à Québec. Demain, il se produira pas trop loin, juste de l'autre côté du fleuve, à L'Anglicane de Lévis. Ensuite, direction Montréal pour un spectacle au Lion d'Or, le 7 novembre. Pour mieux connaître le monsieur, on vous suggère une vidéo produite par La prûche libre et racontant son parcours, vu par Yves Lambert, Gilles Vigneault, Paul Piché et Jean-Claude Germain. On peut la voir sur le site du chanteur au lawrencelepage.wordpress.com.

Laurent (Lawrence) Lepage
Date de naissance : 3 septembre 1931
Date décès : 26 décembre 2012
Âge : 81 ans et 3 mois
À l'Hôpital régional - Rimouski, le 26 décembre 2012, à l’âge de 81 ans et 3 mois est décédé monsieur Laurent (Lawrence) Lepage, demeurant à Rimouski, conjoint de madame Marielle Saint-Pierre, fils de feu monsieur Ernest Lepage et de feu madame Alice Brisson.
L’heure et la date de la célébration vous seront communiquées ultérieurement.
Il laisse dans le deuil ses filles Nathalie Lepage, Christine Saint-Pierre, son garçon Alain Lepage, leur conjoint et conjointe, ses petits-enfants Jeff, Jessica, Cindy, Danny, Tommy, Alexandre et Gabriel, ses frères et ses soeurs, ses beaux-frères et ses belles-soeurs, autres parents et amis(es).
Merci du fond du coeur pour votre présence et votre soutien. La famille.



Ajoutée le 23 mai 2012

Lawrence Lepage. La chanson de Doris a été enregistrée sur son album ENFIN LAWRENCE LEPAGE. Il sortira un nouvel album à l'automne 2012.Produit par La Prûche Libre

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