Lord Elgin témoigne de son admiration pour Québec, le 12 juin 1854.

Lord Elgin arrivait à Montréal le 29 janvier 1847.  Il était le gendre de lord Durham et avait été choisi par la reine Victoria comme gouverneur.  C'était un homme calme et ferme, doué d'un cœur noble et généreux. 

Convaincu que le problème de l'établissement d'un gouvernement stable et effectif ne pouvait être résolu que par l'union des deux partis, libéral et conservateur, il s'efforça de les regrouper, puis de gagner la sympathie des Canadiens en les traitant avec équité.

À l'historique session de 1849, qui s'ouvrit à Montréal, le 18 janvier, Elgin prononça le discours du trône en anglais et en français au grand scandale de quelques fanatiques.  C'était reconnaître le principe de l'égalité officielle des deux langues; aussi, la clause de 1840, proscrivant la langue française dans les procédures de la Chambre, fut abolie.  Une amnistie générale fut accordée aux prisonniers politiques.  Le vote d'une indemnité de $500,000, pour dédommager les Canadiens du Bas-Canada des pertes éprouvées pendant l'insurrection de 1837-38 créa une véritable émeute parmi les Anglais de Montréal; on avait cependant voté, en 1845, une indemnité en faveur des Anglais du Haut-Canada et personne n'avait protesté.  Quand lord Elgin sortit du palais en compagnie de Lafontaine, il fut insulté par la foule et vit sa voiture assaillie à coups de pierres.  Ce fut à cette occasion que l'on brûla le palais législatif. (voir textes du 18 et du 25 avril pour complément)

À son retour d'un voyage en Europe, il fut reçu avec enthousiasme par toute la population. En répondant à l'adresse du maire, le 12 juin 1854, il s'exprima ainsi : "Je dois vous dire que le temps de ma résidence à Québec m'a procuré quelques-uns des moments les plus heureux de ma vie, et quoique j'aie beaucoup voyagé, cependant l'autre matin, en arrivant sur le vapeur devant cette ville, je n'ai pu m'empêcher de sentir que je n'avais jamais vu un endroit plus beau, et de remarquer qu'il y a peu d'hommes qui aient lieu d'être aussi satisfaits que ceux qui peuvent se dire chez eux en cet endroit."

La même année, Elgin se rendit en Chine, puis il fut vice-roi des Indes.  Les Canadiens l'avaient beaucoup apprécié.
Élie de Salvail, fec