Une litanie d'offices - 2) Une succession de fêtes

Vous souvient-il encore du beau mois de mai, du mois de Marie où les jeunes filles en fleurs se rendaient à l'église avec piété?  Tous ces offices étaient suivis assidûment.  La musique, les fleurs, les cantiques et l'encens invitaient à la dévotion.  Mais la Fête-Dieu avait tous les honneurs et je pense bien que personne n'a oublié cette longue procession à travers les rues pavoisées de la paroisse avec bannières, cantiques, fleurs, fanfare des cadets et enfin le dais majestueux du Très-Saint-Sacrement porté par quatre marguilliers.  Quand le prêtre approchait portant les Saintes-Espèces, toute l'assistance le long des trottoirs et les gens sur les balcons s'agenouillaient respectueusement.  

Ensuite venaient la fête de Sainte-Anne, la fête de l'Assomption, la fête du Saint-Rosaire et toujours la foule se rendait à l'église avec empressement et ferveur. Durant les longues vacances de l'été, les parents vigilants veillaient de près à ce que leurs enfants ne manquent à aucun devoir religieux. 

Avec la rentrée des classes en septembre, c'était la retraite des élèves.  Ensuite en novembre, c'était le mois des morts.  Autant dire que la prière était la première préoccupation du monde.  Enfin venait le joyeux mois de décembre, tout encombré de neige surabondante.  Qui n'a pas connu la Messe de Minuit d'alors ne peut se faire une idée de la poésie de la fête de Noël. C'était avant tout une fête religieuse vénérée de tous.  Enfin sur les derniers jours de l'hiver venait le Carême, qui nous préparait à la Semaine Sainte et à la belle fête de Pâques. 

Durant le Carême, il y avait la retraite pour les adultes en sections séparées.  Une semaine pour les femmes mariées, une semaine pour les hommes mariés, une semaine pour les jeunes filles et une semaine pour les jeunes gens.  Tandis que les élèves, garçons et filles, se rendaient en même temps dans l'église durant une semaine déterminée pour leur propre retraite.  Ainsi tous ces pénitents se préparaient à la grande confession de Pâques, de sorte que séparément chaque membre de la famille assistait assidûment à sa retraite et j'oserais dire joyeusement.  Alors, la télévision n'existait pas encore.  Ce qui faisait que chaque office religieux était une occasion de sortir de la maison et un moyen de se voir, de se rencontrer entre paroissiens.  En tout cas, je crois que personne n'y allait en rechignant.

Lorraine Nacké