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Qui a tué Domina Pelletier ?
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Qui a tué Domina Pelletier ?
Transcription faite par Denise Pelletier du document pdf trouvé sur internet intitulé : Domina Dupuis-1.pdf
Source : http://www.genealogie.org/publication/fichiers/fichiers.htm
St-Timothée, mardi le 13 avril 1909. Il est presque cinq heures en ce matin frisquet d’avril où la neige recouvre encore le sol. Depuis quelque temps déjà, une certaine activité règne chez Clodomir Pelletier : son frère Domina, ayant passé la nuit chez ce dernier, se prépare à retourner sur sa ferme de St-Étienne à quelques trois milles de là. Il prend bien soin de ne pas oublier le fléau* qu’il était venu chercher et qui constituait sans doute le but initial de sa visite.
Plus tard Wilfrid Gendron songe que, de toute la journée, il n’a vu personne s’affairer autour des bâtiments de la ferme voisine. Il sait l’occupant des lieux de retour depuis deux semaines puisque la journée même de son arrivée, celui-ci était venu lui faire la narration de son hiver passé au chantier de Tupper Lake (état de New-York), son chantier favori. La discussion a dû se terminer bien tard pour que ce dernier couche chez lui !
Le cultivateur se rappelle qu’en pareille occasion d’inactivité apparente sur la ferme voisine, il a déjà trouvé le propriétaire malade et alité ; et puisqu’il s’occupe de soigner les bêtes de ce dernier durant ces absences… bref, la situation lui enjoint d’aller voir ce qui se passe sur la ferme de son ami et voisin, Domina Pelletier. Il est presque sept heures, ce soir du 13 avril, quand Wilfrid Gendron se décide enfin.
Le 7 avril 1910, le Progès de Valleyfield rapportera ainsi le témoignage de sa visite : «…je me suis rendu à la maison de Pelletier que j’ai trouvé fermée au cadenas. Etonné, j’ai fait le tour des bâtiments et j’ai éprouvé une très forte angoisse quand j’ai découvert le corps de Pelletier gisant à mi-chemin entre la porte de son écurie et celle de son étable…La tête était ensanglantée et le corps était étendu sur le dos. »
Sur le coup de l’émotion, Wilfrid Gendron part à toutes jambes avertir un voisin de sa macabre découverte. Revenu peu de temps après, lui, M. O. St-Denis et probablement quelques autres voisins, recouvrent alors le corps de Pelletier d’une toile. Ce n’est que le lendemain, l’émotion étant quelque peu dissipée, qu’il pourra remarquer certains éléments composant la scène du crime : la porte de l’écurie, constellée de perforations dues à des plombs lesquels y ont dessiné une silhouette de tête, une ouverture récemment agrandie dans la porte de la grange (à preuve les éclats de bois retrouvés près de la porte), la casquette trouée de la victime, un maillet fait de bois de plaine, 3 bourres* de cartouche numérotées et finalement, le fléau. Les indices ne trompent pas, le coup était prémédité. L’assassin attendait, caché dans la grange, que la victime passe devant le fusil bien arrimé dans l’ouverture pratiquée dans la porte de la grange. *fléau : outil consistant en deux morceaux de bois reliés par une ou deux lanières de cuir et servant à battre le blé ou encore les fèves préalablement séchées(dans le cas de Domina, il était destiné à battre le mil). Certains prononçaient le mot «flo ». *bourre : pièce de feutre, de liège ou de carton séparant les divers éléments d’une cartouche. |
St-Etienne, mercredi le 14 avril 1909. Wilfrid Gendron se retrouve avec une maison passablement occupée aujourd’hui. C’est que le coroner Achille Besner héberge chez lui avec sept autres personnes désignées comme jurés afin d’y tenir l’enquête relative à cette affaire. Pendant ce temps, le docteur Huot (de Beauharnois), celui que l’on a appelé plus tôt afin de constater le décès, est en train de pratiquer l’autopsie dans la maison du défunt en compagnie du docteur Desgroseillers.
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| | A l’ajournement de l’enquête le jour suivant et après l’audition de maints témoignages, le coroner Besner est en mesure de tracer ce portrait de la victime : Domina Pelletier âgé d’environ trente-cinq ans, vivait séparé de sa femme, Clara Houle à qui il payait une pension annuelle de cent vingt piastres (on apprendra plus tard que la cause de séparation invoquée fut l’incompatibilité d’humeur). Bien que plusieurs témoins affirment ne pas connaître d’ennemis à Pelletier, sa femme, au contraire maintient qu’il n’était pas très aimé, et qu’il était en froid avec la famille de celle-ci (les Houle de la paroisse St-Clément) chez qui elle habite et qui se trouve à 3 milles de là. Elle suggère d’autre part que Domina aurait pu faire le coup lui-même. Besner lui demande alors si Pelletier possédait une arme ce à quoi elle répond par la négative. Cependant Clara répond affirmativement lorsqu’on lui demande si une arme peut être trouvée dans la maison des Houle. Par ailleurs, elle apprend à Besner que deux de ses frères sont partis, l’un aujourd’hui et l’autre la veille. | ||||
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| De son côté, le détective provincial Louis Godard dit Lapointe est arrivé ce matin à St-Etienne, chargé de la cause par l’assistant procureur Lanctôt. Voyant que les seules personnes absentes dans la région sont les frères Guillaume (alias William) et Aimé Houle, il obtient des mandats d’arrestation contre ceux-ci. Cette conclusion qui semble pour le moins rapide s’explique déjà mieux lorsque l’on apprend que se trouve à Beauharnois «l’as de la Police secrète provinciale» (1), celui qui en 1905, n’avait mis que quarante-cinq minutes pour faire mettre à table Annie Mary dans l’affaire Sclater, celui-là même qui procède à l’arrestation de Cordélia Viau moins de 24 heures après son arrivée en 1897 (elle finira sous la potence). K. Peter McCaskill est à l’hôtel Russel où il entend bien mené à terme l’interrogatoire des deux prévenus aussitôt ces derniers ramenés à bon port. On peut supposer que McCaskill ne lésinera pas sur la procédure, il n’en est pas à quelques exactions près (2). | |||||
Beauharnois, jeudi le 22 et mardi le 27 avril 1909. C’est à l’hôtel de ville de Beauharnois qu’est reprise l’enquête du coroner Besner à laquelle sont assignés vingt et un témoins. Y sont entendus des témoignages contradictoires de la famille immédiate quant aux allées et venues des frères Houle le jour et la veille du crime. Le détective Lapointe dit avoir trouvé le fusil des frères Houle. S’y trouve deux marques qui correspondraient aux points d’appui de l’ouverture pratiquée dans la porte de la grange. | ||||||
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| William est revenu à Beauharnois le vingt, escorté des détectives Lapointe et Girard qui l’avaient auparavant épinglé à Chasm Falls (près de Malone). Louis G. Lapointe, qui s’était identifier comme étant huissier, avait réussi à ramener William sous le fallacieux prétexte qu’on le demandait comme témoin. Quant à Aimé, revenu à Beauharnois le 27, il avait été arrêté à Milwaukee par la justice américaine à sa sortie du bateau «Remington». Encore là on ramène l’homme en tant que témoin et non en tant qu’accusé. La foule venue assister à l’arrivée d’Aimé Houle à la gare de Beauharnois aura droit à une course effrénée dans les rues de cette même ville lorsque maître Goyette (avocat du moment pour les accusés (3)) se lance à la poursuite de la voiture des détectives au grand galop tout en enjoignant Aimé à ne pas parler à l’enquête du coroner ! | |||||
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| Le rapport d’autopsie déposé à l’enquête du coroner révèle «…plusieurs petites ouvertures faites par du plomb à arme à feu. On trouve un trou béant en arrière de l’oreille gauche…Du côté droit de la tête, à la hauteur de l’oreille droite, on constate une ouverture de la grosseur du petit doigt. » et conclut : «…que Domina Pelletier a été tué par une décharge d’arme à feu. » A trois heures le 27 avril 1909, le coroner Achille Besner fait lecture du verdict : «que le dit Domina Pelletier a été ce treizième jour d’Avril mil neuf cent neuf, dans la paroisse de St-Etienne, tué félonieusement avec un fusil par une main criminelle, près de son écurie» Le document est signé par le docteur Achille Besner, coroner et par Wilfrid Normandeau, président, pro-tempore* du jury. | |||||
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| L’enquête préliminaire | |||||
| C’est à Valleyfield, le 15 mai 1909, que se tient l’enquête préliminaire du magistrat de district Husmer Lanctôt. L’enquête doit déterminer s’il y a matière à procès dans cette cause. Pour ce faire, le magistrat entendra la plupart des témoins assignés à l’enquête du coroner ; de même, entendra-t-il Achille Besner. Les accusés seront représentés par maître Alexandre Legault et la Couronne par maître Ludger Codebecq, substitut du procureur général. Avant que ne commence la séance, le greffier Lapointe fait lecture de la plainte portée contre les deux accusés par le détective Edouard Samson. Celle-ci remplace les plaintes faites séparément par le même Samson plus tôt en avril. Cette plainte «unifiée » jouera un rôle important dans la plaidoirie de l’avocat Legault. | |||||
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| L’enquête voit le frère de la victime, Clodomir Pelletier, confirmer les dires de Clara, à savoir que Domina «…était en mauvaise intelligence avec les accusés depuis plusieurs années. » *pro-tempore : de manière temporaire | |||||
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Il aurait vu par la suite les deux personnes qui auraient tiré se diriger vers le rang double, en direction de la terre de Francis Houle (4). Lors de son témoignage, le coroner Besner remet à la cour quelques pièces à conviction dont 2 enveloppes contenant des plombs trouvés dans la tête de la victime et sur la porte de l’écurie. Entre autres choses, il soumet le porte-monnaie de la victime qui contient vingt et une piastres et cinquante-cinq.
Le reste des «exhibits» seront produits par le chef de police de Beauharnois ; Eugène Lemieux remet le fusil des frères Houle, une boîte de cartouches appartenant à ces derniers. Il affirme les bourres et les plombs identiques à ceux trouvés dans la boîte de cartouches. Le détective Lapointe quant à lui, témoigne avoir trouvé des morceaux de plaine «absolument de même qualité» que ceux employés à la fabrication du maillet trouvé sur les lieux du crime. Il affirme d’autre part qu’après avoir mis William Houle sur ses gardes* (une fois arrivé à Beauharnois), ce dernier lui aurait alors avoué être allé à la chasse dans le trécarré* vers six heures, six heures trente le matin du crime ! Toujours selon Lapointe (qui précise être accompagné de McCaskill lors de l’interrogatoire), William finit même par admettre avoir été sur la terre de Pelletier ce matin-là. De plus, Houle conviendra avoir tiré sur des outardes sans se souvenir cependant qui, de lui ou Aimé, a appuyé sur la gâchette.
Le progrès de Valleyfield décrit ainsi la fin de l’enquête préliminaire : « Il était trois heures lorsque la Couronne déclara sa preuve close. La défense n’ayant aucun témoin à faire entendre, on procéda à l ‘examen volontaire des deux accusés. Tous deux protestèrent de leur innocence et enregistrèrent un plaidoyer de non culpabilité. Devant la force des témoignages apportés contre les détenus, M. le magistrat Lanctôt les condamna à subir leur procès au prochain terme des Assises Criminelles du district de Beauharnois qui sera tenu à Valleyfield probablement en février. »
L’ouverture des Assises criminelles a lieu à dix heures le matin du 1er février 1910 à Valleyfield sous la présidence du juge Wilfrid Mercier. Ce dernier, nommé juge de la Cour Supérieure du district de Beauharnois le 22 mars 1909 a fait ses études classiques au séminaire de Joliette et au collège de Lévis en compagnie entre autre de sir Lomer Goin (Premier ministre de la province à l’époque du procès). Avant sa nomination, il était membre de la commission chargée de la révision des lois de la province (5).
C’est devant une salle d’audience bondée que le juge explique aux «Grands Jurés» fraîchement assermentés le rôle qu’ils devront tenir. La cour criminelle étant tributaire de la loi anglaise (common law) l’érudit juge se met en frais de faire un bref historique de l’institution et explique la tâche qui attend les 12 hommes : juger s’il y a lieu de porter une accusation contre la personne inculpée et ce, aux vues des témoignages apportés par les témoins à charge (la défense étant interdite de représentation).
Dans le cas où le «bill d’accusation» est jugé fondé (et pour se faire, il faut l’approbation d’au moins sept grands jurés), il est amené aux «petits jurés» portant la mention «true bill». Ce n’est qu’à ce moment que le procès commence véritablement, procès qui doit mener à un verdict unanime de la part des petits jurés. Le lundi 7 février 1910, le grand juré remet un «true bill». Les frères Houle sont ensuite appelés devant la cour pour être mis en accusation ; la date du procès est fixée au 25 février.
Le procès ne s’ouvrira que le lundi 4 avril 1910, les autres procès s’étant sans doute prolongés. Le juge St-Pierre préside l’assemblée (6), maître Alexandre Legault est l’avocat de la défense. L’après-midi sera consacrée à la formation du juré. La séance du mardi matin commence par la narration du meurtre par l’avocat de la Couronne, maître Codebecq (qui sera épaulé par maître Patterson). Codebecq poursuit en lisant l’acte d’accusation et termine en affirmant que «…la Couronne tentera de prouver qu’il existait une haine entre les accusés et la victime, que le meurtre a été commis entre 6 heures ou 6 heures 30 du matin du 13 avril et que la veille des voisins ont vu les accusés chassant sur les terres de Pelletier. » |
Pendant le procès (qui durera plus de 8 jours), la défense tente de prouver que les accusés ne pouvaient se trouver sur les lieux du crime entre 6 heures et 6 heures et demie, tâche presque impossible si l’on considère que les seuls témoins pouvant corroborer cet état de fait (lorsqu’ils ne perdent pas carrément la mémoire, à preuve les témoignages des frères Théodule et Omer Houle) sont les membres de la famille Houle, ceux-là même qui ne cessent d’apporter des témoignages contradictoires depuis l’enquête du coroner ; pire, un ami de la famille, Domina Pétel vient dire que la veille du crime alors qu’il rendait visite à Francis Houle (le père des accusés), ce dernier lui a dit que William était couché en haut. Pétel est fort surpris lorsqu’il aperçoit William, quelques instants plus tard chez son frère, Omer Houle. Francis, qui n’est décidément pas en reste, aurait selon le témoin Joseph Reid, fait des menaces en lui disant de ne pas parler.
Par ailleurs la défense cherchera à démontrer que la présence des accusés à l’étranger le lendemain et le surlendemain du crime ne constituait pas une fuite mais qu’elle constituait plutôt une réponse à des demandes pressantes venues de leur employeur respectif. A preuve le télégramme reçu le 13 au soir par Aimé. Malheureusement, le capitaine Shea, auteur de la missive, ne peut se présenter en cour. Arthur Roy, quant à lui, aurait écrit une missive écrite le 10 avril demandant William à Chasm Falls.
Le juge St-Pierre
Finalement la défense fait témoigner un expert qui affirme que les marques retrouvées sur le canon du fusil ne peuvent être le produit d’un frottement sur le bois ; que seul un frottement contre du métal peut causer de telles marques. La défense fait ensuite témoigner des membres de la famille qui ne manquent pas de préciser que le fusil était accroché à deux crochets. Même Omer, qui a retrouvé la mémoire, a remarqué ce détail ! Mal lui en pris car il est vite confronté à une déposition antérieure où il affirmait que le fusil était maintenu par des ganses.
La Couronne cherche tout au long du procès à établir le mobile du crime. Le témoin Jules Boyer, beau-frère de la victime dira que Domina lui a fait «une vente simulée» de ses biens tellement il craignait que la famille Houle ne mette un jour la main sur sa terre. La mère des accusés, Jeanne Honorine Poissant, savait que le testament fait peu de temps après le mariage léguait tout à Clara Houle, l’épouse de Domina Pelletier. Cependant, on apprendra au lendemain de sa mort que, depuis la séparation, Pelletier avait fait un autre testament désignant «…sa soeur Mme Jules Boyer (sic)» (7) légataire de ses biens. Un autre témoin, Benjamin Vinet, viendra apprendre à la cour que Francis Houle soupçonnait Domina Pelletier de lui avoir empoisonné quelques-uns uns de ses animaux avec «…du sel et du vert de Paris*».
A cela, la défense répliquera par témoignage interposé que la famille Houle a fait dire une messe pour le repos du défunt (à laquelle seuls Francis et Jeanne étaient présents). On peut aisément comprendre cependant que la famille Houle n’ait pas honoré la cérémonie funéraire de sa présence; ce qui semble par contre moins évident pour la Couronne.
Le mercredi 13 avril 1910, un an après le crime, maître Alexandre Legault, avocat de la défense, entame sa plaidoirie devant une foule si grosse qu’une bonne partie de l’assistance se trouve toujours dehors, faute de place. Selon Legault, les frères Houle sont accusés pour deux raisons. A cause de «…l’inimité» qui existe entre les Houle et Domina Pelletier, et parce qu’ils étaient à la chasse ce matin-là. De là, l’avocat tente de prouver que la vengeance ne peut avoir poussé les accusés à commettre ce meurtre parce que ce sentiment n’existait tout simplement pas, si tel avait été le cas, les frères Houle auraient depuis longtemps réglé son cas à Pelletier puisqu’ils le côtoyaient régulièrement dans les chantiers. La thèse de l’intérêt est de même indéfendable selon Legault puisque les Houle devaient savoir «…à n’en pas douter» que leur soeur n’était plus la légataire universelle en cas de décès de Pelletier. Quant à leur présence près de la scène du crime, ils étaient à la chasse et ont tiré le coup de feu entendu à 5 heures 30 et non ceux entendus plus tard duquel faisait sûrement partie le coup fatal ! A ce propos, Alexandre Legault appelle les jurés à «…juger des faits tels qu’ils (leurs) ont été présentés et non selon les déductions que pourraient faire d’autres personnes. »
La plaidoirie qui, jusqu’ici, ne pêche pas par excès de limpidité met bientôt l’accent sur les conséquences d’un verdict de culpabilité. Les erreurs judiciaires sont nombreuses selon Legault qui cite le cas de Beauregard et il laisse entrevoir le cas de conscience que les 12 jurés auraient à vivre si jamais ils déclaraient les frères Houle coupables, les envoyant par le fait même à la potence (de plus, puisqu’un seul coup de feu a été tiré, il n’y a qu’un seul assassin véritable, un verdict de culpabilité enverrait cependant les 2 accusés à l’échafaud). L’avocat de la défense poursuit en ces termes son envolée lyrique : «William et Aimé Houle, regardez ces hommes, vos semblables, qui vous jugeront tout à l’heure. Montrez-leur que vos fronts n’ont pas reçu le stigmate du crime. Levez-les bien haut pour qu’ils y lisent votre innocence ! » A ces mots les accusés éclatent en sanglot et les jurés, ébranlés et en larmes, demandent quelques minutes de répit au juge ! La plaidoirie de l’avocat est terminée ; nous sommes dans l’après-midi, Legault plaide depuis le début de la séance en matinée.
* vert de Paris : poudre insecticide que l’on appliquait sur les plants de pommes de terre
Lorsque réapparaît le «petit jury» à peine remis de ses émotions, maître Codebecq entreprend la plaidoirie de la Couronne.
Il invite les jurés à prendre conscience du rôle qu’ils doivent jouer. Ils sont là pour personnifier une société outragée qui réclame justice. La Couronne est convaincue de la culpabilité des Houle, si tel n’avait pas été le cas, elle demanderait l’acquittement! Domina Pelletier était un homme respecté de tous. Les seuls ennemis connus au défunt consistent en la famille Houle chez qui l’on a retrouvé une arme à laquelle correspondent parfaitement les cartouches trouvées sur place. La preuve est circonstancielle soit : «…les preuves de circonstances sont plus fortes que n’importe quelle preuve directe car, malheureusement il peut y avoir des témoins qui se parjurent tandis que les faits eux ne mentent jamais. »
L’ouverture de la séance du vendredi 14 avril 1910 fut quelque peu retardée si l’on en croit la narration qu’en a faite le Progrès de Valleyfield : Le juge St-Pierre, croyant prendre un tonique aurait ingurgité un poison violent ! Une heure plus tard, après avoir reçu les soins du docteur Gauthier, le juge est en mesure de faire son adresse devant une assemblée désormais tranquille mais qui, plutôt, a pris d’assaut le palais de justice. Les forces de l’ordre ont eut tout le mal du monde à contenir cette foule qui s’est même permis de fracasser une vitre pour avoir accès à la salle ! On ne fait pas dans la dentelle à l’époque car il semble que l’adresse du juge, qui dure plusieurs heures, soit accablante pour les accusés ! Après ces «bonnes paroles» le jury doit se retirer afin de délibérer. Après quelques heures de délibérations, ils se présentent devant le juge St-Pierre pour lui annoncer qu’ils ne sont pas parvenus à un accord. Croyant peut-être que la nuit porterait conseil, le juge ajourne le dépôt du verdict au lendemain matin. Rien n’y fait ; les jurés sont toujours en désaccord obligeant ainsi la tenue d’un autre procès devant un nouveau «petit jury» !
C’est le lundi 10 octobre que s’ouvre le terme spécial qui entendra le 2ème procès des frères Houle. A ce terme deux autres causes seront entendues. Voilà pourquoi il faudra attendre au mardi pour former le «petit jury» qui jugera les frères Houle. A la fin de la journée, il n’y a que 8 jurés assermentés. La Couronne en a récusé 3, et la défense 29 ! Sans doute fut-il difficile de trouver un seul chrétien dans tout le canton qui n’eût vent de la cause ! A bout de ressources (la liste des 40 personnes appelées étant épuisée), le juge Wilfrid Mercier ajourne en mandatant Arthur Laberge, shérif, afin qu’il convoque 20 autres personnes pour le lendemain matin. Ce dernier devra les convoquer verbalement, les délais étant trop courts pour émettre quelque convocation ! Il lui faudra être très persuasif car à cette époque de l’année, beaucoup sont aux champs.
Le «député-shérif» Laberge n’a pas chômé car ce mercredi matin 18 personnes se présentent. Le juge s’empresse de les féliciter d’avoir répondu si vite à son appel d’urgence. Cela n’empêche pas les 2 parties de récuser les 10 premières personnes présentées. Cependant on arrive finalement à attribuer les 12 postes de jurés vers midi et demi. On passe illico à la lecture de l’acte d’accusation et on s’empresse d’ajourner, question de dîner.
Le déroulement du deuxième procès semble identique au premier à l’exception de deux faits nouveaux. On apprend en effet que William a été pris à scier les barreaux de sa cellule et ce peu de temps avant son transfert à la prison de Montréal le 27 mai 1909. Autre élément neuf, un codétenu aurait récupérer un des messages que William et Aimé s’envoyaient d’un étage à l’autre de la prison de Valleyfield (ils étaient détenus sur 2 étages différents). Fait étrange, le détenu Vallée aurait conservé ce bout de papier un certain moment pour finalement le transcrire dans son calepin, estimant que la missive commençait à perdre de sa fraîcheur. Après coup, il aurait jeté la preuve ; preuve pour le moins incriminante puisqu’on pouvait y lire : « il ny a que clara et omer qui sait quon a fait ce te coup / la sil nous déclare pas on vas sortir au procet». Le calepin que Hyacinthe Vallée oublie en cellule se retrouve assez vite entre les mains de la Couronne qui considère trouver là la preuve directe qui lui manquait !
Autre événement digne de mention est «l’expédition» commandée le 15 octobre par le juge Mercier. Ne reculant devant rien ce dernier organise une visite des lieux du crime. Outre la voiture du juge, le convoi se compose de la voiture des 12 jurés (attelée de 4 vigoureux chevaux), celle des 2 accusés, du greffier, du shérif, des avocats, des journalistes et enfin du boghei du sous-chef Lapointe. Le trajet qui durait 2 heures trente environ (pour aller du palais de justice à St-Etienne), a certes dû attirer l’attention dans le rang double !
La plaidoirie de maître Legault demeure très semblable à celle exécutée avec tant de ferveur lors du premier procès : le jury a droit aux «fronts où on peut y lire la grâce» idem pour les larmes des accusés ! La seule différence notable réside dans son jugement de la preuve trouvée dans le carnet de Vallée. Il est impossible que 2 personnes qui ont l’occasion de se parler une heure durant chaque jour puissent s’envoyer des bouts de papier pour communiquer ensemble.
La Couronne, toujours représenté par maître Codebecq, réplique quant à elle qu’il s’agit là d’une preuve directe. Plusieurs personnes n’ont-ils pas corroborer avoir été témoins de la correspondance «aérienne» des accusés ? Autrement la plaidoirie reste identique à la première, on insiste sur la protection de la société et on accuse presque subtilement la famille Houle de parjure.
L’adresse finale du juge Mercier n’est pas en reste quant au manque de subtilité : «…il ne s’agit plus d’écouter la voix peut-être plus douce du sentiment, mais celle austère et impérieuse de la raison. » «Eux seuls, puisque Domina Pelletier n’avait pas d’autres ennemis, peuvent être les coupables. »
Après 2 ajournements, 1 nuit de réflexion et une adresse sans équivoque, les 12 «petits jurés» entrent finalement en cours pour déclarer…qu’ils ne peuvent se mettre d’accord ! Le dossier est dès lors transmis au procureur général.
Le troisième procès n’aura pas lieu à Valleyfield. Le juge Mercier a accepté une motion de changement de venue déposée par la Couronne et ce, après avoir entendu les 2 parties plaider en cette matière le 20 janvier 1911 :
La Couronne estime que les gens du district de Beauharnois ne sont pas en mesure de rendre un verdict en cette cause. Voici en résumé les raisons invoquées : la partialité des jurés potentiels (ce qui causerait leur récusation), certains jurés sont convaincus de la culpabilité des accusés mais ne veulent pas les voir se faire pendre et qu’il s’agit là d’un sentiment très répandu dans le district. D’autre part, la sentence à mort de Shortis, commuté en emprisonnement à vie, a été défavorablement reçue par l’opinion publique. Même chose en ce qui concerne la sentence de 7 ans de prison pour Sam Lee, accusé de meurtre. Bref, des jugements antérieurs qui amènent ce genre de raisonnement chez les gens du district : «si on ne pend pas les anglais, pourquoi pendre les canadiens-français ? » Jamais, cependant, la Couronne ne se remet-elle en question pour tenter d’expliquer le désaccord des jurés.
En ce qui concerne la défense, elle considère que le juge Mercier ne peut accéder à une telle demande en dehors des assises criminelles. De plus, la défense récuse les sentiments d’une populace hostile à la pendaison évoqués par la Couronne en argumentant qu’un tel état d’esprit, bien que présent chez certains, ne saurait être imputé à l’ensemble du district ; bien que Legault oriente une bonne partie de sa plaidoirie de façon à exacerber ce même sentiment ! A cet égard, la défense évoque le procès d’un dénommé Chatigny qui a été jugé dans une cause semblable (ce qui prouverait que le public est en mesure d’appliquer des jugements). Ce à quoi le juge Mercier réplique que le procès cité ne comporte pas de preuves pouvant contredire la Couronne puisque Chatigny, étant accusé d’homicide illégal (man slaughter), ne risquait au pire qu’une peine d’emprisonnement.
C’est donc à Montréal, sous la présidence du juge Lavergne que se tient le troisième procès des frères Houle. Maître Legault représente les accusés alors que la Couronne est représentée par maître Codebecq et surtout par maître Lafortune (si on s’en tient aux régistres). Le procès qui tient l’affiche du 15 au 21 mars 1911 ne semble présenter rien de neuf. En effet, le régistre de la cour (très succinct), les journaux nous révèlent que les faits ont été établis, les pièces à convictions déposées et que la défense et la Couronne ont essayé tour à tour d’établir des faits (qui, convenons-en, ont brillé par leurs absences) (8). | |
L’élément qui diffère et qui, sans conteste sera déterminant dans ce dernier procès sera l’adresse finale du juge. Celui-ci indique aux jurés qu’il juge contradictoires les heures mentionnées par la Couronne, tant au sujet du départ de Domina Pelletier que les heures où auraient été entendu les coups de feu. De plus il considère que les aveux recueillis par les détectives l’ont été «…absolument illégalement » (puisque ces derniers ont comme tâche d’arrêter, et de maintenir en état d’arrestation les accusés et non de les faire parler). D’autre part, il estime tout à fait plausible que les accusés soient vraiment partis travailler peu après le 13 avril. Finalement conclut-il, la Couronne manque de preuves. Après 32 minutes de délibération, le jury annonce au juge qu’ils sont prêts à rendre verdict. Le juge écoute (sans trop d’étonnement ?) le petit jury répondre au greffier : «Non coupables» |
À ce jour, le mystère persiste encore. Des témoins affirmeront toujours n’avoir vu qu’une seule personne ce matin du 13 avril. La blessure à la tête de Domina semble indiquer l’utilisation d’une balle (outre les plombs). Ce fait, noté lors d’un procès, sombre vite dans l’oubli puisque l’on aurait sûrement retrouvé cette balle si tel avait été le cas puisqu’un seul coup de feu a été tiré. La balle se serait nécessairement logée dans - 11 -
la porte de l’étable. Encore là, un seul coup fut-il vraiment tiré ce matin-là ? Les versions varient beaucoup à ce sujet…
A maître Legault, qui se plaignait en 1910 que la preuve présentée tenait du ouï-dire, maître Codebecq répondit : « On ne peut toujours pas faire témoigner Domina Pelletier ! » Dommage, car il semble bien qu’il soit le seul à connaître l’identité véritable de son bourreau…
(1) : Daniel Proulx, Les grands procès du Québec, Stanké 1996 (bibliothèque Dominique Julien, cote P968g)
(2) Dans les grands procès, Daniel Proulx indique que dans une autre affaire, McCaskill aurait fait lire à voix haute un texte (écrit de sa main) à Cordélia Viau qu’il aurait ensuite fait passer pour une confession.
(3) Le 21 avril 1909, Goyette «…refuse d’acquiescer à ce changement d’avocat fait par l’accusé (William) pour le moment et jusqu’à ce que la question d’honoraires à lui dûs soit règlée» La chose fut sans doute vite «règlée» car on retrouve Legault en charge de la défense dès le 30.
(4) A l’époque les terres de cette partie de la paroisse St-Clément (qui deviendra éventuellement Melocheville) et de St-Etienne étaient contiguës, la construction du barrage de Beauharnois ne s’amorçant qu’en 1929.
(5) Les informations relatives à la carrière de Wilfrid Mercier sont tirées de «Les juges de la province de Québec», Georges Roy, Service des archives du gouvernement du Québec, 1933 (bibliothèque Armand Frappier, cote QR888j).
(6) Le juge St-Pierre a fait son droit à Kingston. Il est nommé juge à la cour du district de Beauharnois le 11 juin 1902. Il est le fondateur de l’association des vétérans canadiens. Anecdote digne de mention, St-Pierre s’enrôle dans le 76ème régiment de l’armée de l’union pendant la guerre de sécession. Il participe à la bataille de Mine Run en 1863 où il est fait prisonnier par les sudistes et ce, jusqu’en 1865 (source : idem qu’en (5) ).
(7) Alphonsine Pelletier étant son nom de fille. A ce sujet la question du légataire demeure floue; Mme Boyer est citée comme légataire et plus tard c’est plutôt M. Jules Boyer qui est nommé.
(8) Le seul élément nouveau trouvé consiste en un subpoena adressé à William O’Torrel, journaliste au « Le Canada»; encore là cependant, nulle mention ne semble en avoir été faite dans les journaux de l’époque.
Documents consultés : archives sur microfilm : Progrès de Valleyfield, bibliothèque Armand Frappier, Vall.
La Patrie (Montréal), Bibliothèque nationale du Québec,
rue de l’Esplanade, Mtl, cote MIC A133
La Presse (Montréal), Bibliothèque nationale du Québec,
rue de l’Esplanade, Mtl cote MIC A28
Le Canada (Montréal), Bibliothèque nationale du Québec,
rue de l’Esplanade, Mtl, cote MIC A37
archives des 2 premiers procès aux archives nationales, rue Mullins à Montréal
(cote : TP9, 525, 551, SSS1) (loc : 070 002 04-04-003A-01)
archives du troisième procès au centre de pré-archivage, rue Bleury à Montréal
(vol. 18 Court of King’s bench, crownside, 1908 à 1912)
(liste d’écrou et subpoenas)
La petite histoire du crime au Québec, Bizier, Hélène-Andrée, Libre-expression 1983
Bibliothèque nationale du Québec, rue St-Denis à Montréal
Les officiers de justice des origines de la colonie jusqu’à nos jours, Audet, Pierre-E,
Éd. Wilson & Lafleur 1986
Remerciements : à M. René Normandeau pour la traduction d’expressions devenues rares
à Estelle Brisson, archiviste
à cette dame du palais de justice de Valleyfield (dont je n’ai pas demandé le nom !)
et à Carole Ritchot des archives nationales qui ont pris le temps de me diriger dans
mes recherches
à M. Yvon Julien pour m’avoir intéressé à la rédaction de cet article
à ces journalistes sans qui l’histoire deviendrait souvent une litanie bien morne !
n.b. : de toutes les pièces à conviction soumises, seul le carnet de Hyacinthe Vallée demeure accessible (aux archives de la rue Mullins). En effet le portefeuille et la casquette ont été remis à Jules Boyer en février 1912. A cette même date on remet le fusil et les cartouches à Aimé Houle qui en avait fait la demande.
Dernière édition par genealpha le Mer 21 Aoû 2013, 07:27, édité 4 fois
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