LOUIS SIMARD' DIT L'AVEUGLE.

doyen a écrit:Louis Simard dit l'Aveugle (1850-1918). Le troubadour du Royaume du Saguenay

Chanteur folklorique itinérant, Louis Simard dit l’Aveugle est un troubadour de style médiéval circulant sur les routes de Charlevoix aux XIX[e] et XX[e] siècles.



Parmi les nombreux quêteux parcourant Charlevoix aux XIX et XXe siècles, Louis Simard dit l’Aveugle demeure le plus pittoresque. Né à l’île aux Coudres en 1851, il est baptisé à Saint-Irénée le 23 juin de la même année. Affligé d’une cécité partielle dès sa naissance, Louis Simard aggrave son cas à l’âge de quarante ans en appliquant sur ses yeux un remède à base de bourgeons de peuplier. Il est de ce fait atteint d’une cécité complète. Peu lui importe, il part sur les routes de Charlevoix, du Saguenay et de la Côte-Nord avec sa petite charette qu’il tire avec la seule force de ses bras. Il ne se perd jamais en chemin. Louis Simard dit l’Aveugle devient le troubadour par excellence du Royaume du Saguenay.

 
Louis Simard dit l'Aveugle
Crédit : Société d'histoire de Charlevoix
Charlevoix (général) []
Au long de ses voyages, Louis l’Aveugle transporte peu de bagages, sinon ses instruments de musique qu’il a lui-même fabriqués et qui le suivent partout: un violon, un accordéon, une flûte, une petite harpe à percussion qu’il nomme sa “ bioune ” et un ocarina. Pour le reste, il retient dans sa tête des merveilles à dire et à chanter: chansons folkloriques, contes, légendes, fabliaux comiques parfois un peu irrévérencieux et voilà le spectacle peut commencer. Louis Simard dit l’Aveugle est à lui tout seul un homme-spectacle. Il livre aussi les lettres et les messages. Il apporte des nouvelles fraîches venant d’ailleurs. Son passage dans une localité s’avère une réjouissance attendue par tous.

Au début de chaque printemps, le trajet de l’Aveugle est déterminé à l’avance. Il part du rang des Mille-Vaches (aujourd’hui le secteur de Saint-Paul-du-Nord sur la Haute-Côte-Nord) pour se rendre à Saint-Irénée dans Charlevoix, lieu de son baptême, où le 26 juillet de chaque année à l’occasion de la Fête de Saint-Anne, il va se confesser. Par la suite, l’Aveugle se dirige vers Chicoutimi et parfois même jusqu’au Lac-Saint-Jean. Il s’arrête aussi un peu plus longtemps à Pointe-au-Pic où il s’installe sur le quai, non loin du débarcadère où arrivent les touristes et villégiateurs de la Croisière du Saguenay. Ces visiteurs, anglophones pour la plupart, octroient de généreux dons au chanteur aveugle.

La population de Charlevoix accueille avec joie Louis l’Aveugle. Ce dernier n’a pas son pareil pour animer une soirée. Il peut chanter et jouer de la musique plusieurs soirs de suite, sans jamais paraître fatigué. Bien qu’aveugle, il sait reconnaître les belles filles de chaque village et selon les observations de plusieurs d’entre elles, il sait les pincer au bon endroit! Il va sans dire que les filles se méfient quelque peu du personnage, mais pas les garçons qui tentent parfois de lui jouer des tours:

“Un jour qu’il était en visite à Saint-Alphonse, nous, les gamins, le voyant venir, voulûmes lui jouer un tour et lui faire peur. Nous nous cachâmes derrière une touffe d’aulnes et attendîmes son passage. Mais il s’arrêta subitement à une trentaine de pas de notre cachette. Après quelques instants, il cria: “ vous voulez me faire peur, vous’aut’, hein, les jeunes! “ Ça prendra pas! ”. Et, en effet, ça ne prit pas. Nous lui demandions un peu après comment il avait décelé notre présence. “ Il y en avait un qui fumait ” nous expliqua-t-il tout simplement. ”

Louis Simard n’a rien à craindre sur les routes pourtant mal entretenues de Charlevoix et du Saguenay. Partout, la population l’attend avec joie. C’est un bout-en-train impayable et passer une soirée avec l’Aveugle c’est s’amuser à coup sûr. Même le millionnaire Rodolphe Forget l’invite à l’occasion à son Domaine Gil’Mont de Saint-Irénée. La réputation de Louis l’Aveugle grandit encore en 1916 alors que Marius Barbeau le rencontre dans Charlevoix. Le folkloriste décide d’enregistrer la voix de Louis l’Aveugle sur des cylindres de cire Edison. Plus de 90 chansons du répertoire de l’Aveugle sont ainsi enregistrées et ce matériel est déposé aux archives du Musée National de l’homme à Ottawa (aujourd’hui Musée des civilisations à Hull). La complainte antique racontant l’histoire des amoureux “ Pyrame et Thisbée ” reste le morceau le plus étonnant recueilli par Marius Barbeau auprès de Louis l’Aveugle. Cette chanson comprend 250 vers dont voici quelques extraits:

Deux jeunes coeurs jadis
D’amour étaient épris
D’une égale tendresse
Tous deux beaux et charmants
Dont Pyrame est l’amant
Et Thisbée la maîtresse

Babylone était le lieu
D’où il venait tous deux
D’une illustre famille
Ils étaient si parfaits
Qu’on disait qu’ils étaient
Les plus beaux de la ville

En fait, Louis Simard s’impose comme une sorte de troubadour issu directement, en quelque sorte, du moyen âge. Peut-être le dernier de cette sorte dont le nombre était si grand dans l’Europe médiévale, au temps des bâtisseurs de cathédrales. Louis Simard meurt des suites de la grippe espagnole le 25 octobre 1918. Marius Barbeau qui aurait souhaité pouvoir encore enregistrer cet artiste d’une autre époque a cependant rencontré sa nièce :

« Marie Martel, sa nièce, maintenant âgée et aux cheveux blancs, me dit qu’il mourut paisiblement chez elle comme un enfant. Un matin d’octobre, il était assis dans sa berceuse immobile. Elle l’appela: “ Oncle Ti-Louis! ” Point de réponse! Elle lui toucha la main, elle était froide. »

Disparaissait alors avec Louis Simard dit l’Aveugle, un artiste exceptionnel, un troubadour unique, peut-être le dernier du genre au Royaume du Saguenay.

Serge Gauthier. Historien et ethnologue. Président de la Société d’histoire de charlevoix. La Malbaie. 27 mars 2002.

Bibliographie :

Gauthier, Serge. L’homme-spectacle. La Malbaie, Musée régional Laure-Conan, 1981, p. 21-27 (Louis Simard dit l’Aveugle)

http://www.encyclobec.ca/main.php?docid=166

lory a écrit:Bonsoir Doyen. C'est un trésor de notre histoire que tu nous dévoile ce soir. Ungros merci. Lory

doyen a écrit:merci de ton apréciation Lory.
Dis donc, avec les information qu'il y a en haut de page, naissances 1851, Iles-Aux-Coudres et Baptème à St-Irenée, Charlevoix, crois-tu trouver son registre de baptème ? J'ai beau chercher sur le net, et tout ce que je trouve, c'est la même histoire un peu autrement écrit, sans jamais en dire plus sur sa famille. aucune mention de mariage, décédé en 1918 de la grippe espagnole, aparament à St-Irenée. C'est tout les infos généalogique que je trouve.

http://www.civilization.ca/cmc/exhibitions/tresors/barbeau/mb0923bf.shtml
Suis ce lien et clique sur le petit gramophone.

lory a écrit:Je vais essayer Doyen. Mais je promet rien. Je vais faire tout mon possible. Prochaine, Lory   :bye

lory a écrit:Voici Le baptême de Louis Simard. Si c'est le bon.

Louis Simard à St-Irénée

                        Lory

doyen a écrit:Je viens de trouver ceci.....Mais il avait 67 ans.
http://catalogue.civilisations.ca/musvw/FullBB.csp?WebAction=ShowFullBB&EncodedRequest=*EAa*B4*F5*D1z*10*91*AD1*D1*DF*3A*8B*B8*07&Profile=ArchivesOnlyCMC&OpacLanguage=fre&NumberToRetrieve=10&StartValue=3&WebPageNr=1&SearchTerm1=BARBEAU%20MARIUS1883%201969%20.1.118472&SearchT1=&Index1=1*Keywordsbib&SearchMethod=Find_1&ItemNr=3
En cliquant sur les tite feuilles, tu peux les lire.

lory a écrit:Je crois que c'est le bon Doyen. Ca donne exactement 67 ans. Lory

doyen a écrit:Merci pour le registre, j'espère avoir le bon.

Même s'il serait bé à l'isle-aux-Coudre, s'il a été baptisé à St-irenée, c'est que les résidents de l'isle fesaient leur chrétientée à St-Irenée. De là ::(De cette paroisse)

doyen a écrit:C'est bon le registre, voici la preuve.

lory a écrit:Salut Doyen. Donc mon Homme est le bon. Prochaine Lory

doyen a écrit:Oui Lory, Tu es une AS. J'ai pu remonter touts ses ancêtres.

Merci encore pour ton aide.