Bataille de Saint-Eustache, le 14 décembre 1837.

Le 25 novembre 1837, les Patriotes avaient été battus à Saint-Charles ; on comptait du côté des insurgés une centaine de morts, plusieurs blessés et un grand nombre de prisonniers. L'insurrection était vaincue dans cette région, mais le comté des Deux-Montagnes était en pleine effervescence.

Le docteur Chénier et un émigré suisse, Girod, dirigeaient le mouvement; ils conduisirent les rebelles au fort des Sauvages de la mission du lac des Deux-Montagnes et s'emparèrent des fusils, des munitions et d'un canon, qu'ils transportèrent d'abord à Saint-Benoît puis à Saint-Eustache. Le curé Paquin s'efforça, mais en vain, de dissuader Chénier de poursuivre son projet téméraire.

En apprenant la nouvelle de la révolte, Colborne résolut d'agir promptement et avec énergie. Le 14 décembre 1837, à la tête de 2,000 hommes de troupes et d'un bataillon de volontaires bien équipés, Colborne se porta vers Saint-Eustache. Les insurgés, au nombre d'environ 250, s'enfermèrent dans l'église. À ceux qui n'avaient pas d'armes et qui en demandaient, Chénier répondit : "Soyez tranquilles, il y en aura de tués parmi nous! vous prendrez leurs fusils."

À l'approche du danger, Girod avait pris la fuite; sur le point d'être arrêté, il se tira une balle dans la tête. Colborne fit encercler le village puis s'efforça d'enfoncer les portes de l'église; comme on n'y parvenait pas, deux soldats mirent le feu derrière l'autel. Bientôt l'église ne fut qu'un immense brasier; au fur et à mesure que les insurgés se montraient, on les abattait sans merci. Chénier tomba dans le cimetière, sous les balles des soldats anglais; 70 furent tués et les autres faits prisonniers. Tout le village fut incendié.

Colborne se dirigea ensuite sur Saint-Benoît. Une députation des habitants de la localité alla au-devant des troupes pour faire sa soumission. Colborne accepta les propositions de paix et les 300 rebelles de Saint-Benoît déposèrent les armes. Avant son départ pour Montréal, Colborne avait donné l'ordre de brûler les maisons des chefs, l'ordre fut mal interprété et le village entier devint la proie des flammes.

Élie de Salvail, fec, 366 Anniversaires Canadiens, 1929.